Comment est né Aniela Mieko
J’étais alors aux études, en anthropologie, et j’entamais la dernière ligne droite de mon cursus universitaire. Mais comme beaucoup d’autres étudiants en anthropologie, les financements se font extrêmement rares, voire inexistants. Aussi, je me suis organisée une levée de fond pour mon terrain (j’allais au Pérou pour recueillir des données pour faire mes analyses par la suite). Je ne voulais pas vendre des T-shirts ni des chocolats (un autre de gros cliché, et en plus je ne suis pas une mordue du chocolat… oui, oui c’est vrai!!). Je voulais réaliser quelque chose qui fasse changement et que les gens seraient susceptibles d’acheter plusieurs fois. J’ai alors pensé à faire des boucles pour les cheveux, mais les barrettes ne tiennent pas toujours bien dépendamment du type de cheveux que l’on a.
C’est à ce moment que j’ai mis la main sur un rouleau en aluminium souple et malléable; c’est utilisé pour la décoration florale habituellement. Fait qu’en l’entourant de tissu… Taadaa!! le bandeau parfait était né!
Il tenait en place tout seul, la boucle restait la même toute la journée, voir plusieurs jours en fait!
J’ai donc commencé à en faire plusieurs, parce que pour une levée de fond ça prend un minimum d’inventaire. Sauf que je me suis retrouvée rapidement à court de tissus.
Soit j’achetais du tissu neuf et ma levée de fond m’aurait en grande partie servi à rembourser l’investissement de tissu, soit je trouvais une autre solution.
Cette alternative, c’est une amie artisane qui me l’a proposé. Confectionnant une gamme de vêtements pour femme, elle produisait beaucoup de vêtements, mais aussi beaucoup de retailles. En les utilisant, je sauvais de l’argent et je l’a débarrassais de « déchets » textiles. J’ai ainsi pu confectionner une bonne quantité de bandeaux! À l’époque, j’avais une job étudiante dans un bureau donc tous mes collègues ont embarqué full; sachant que je pouvais adapter la taille du bandeau au crâne de la personne. J’en avais fait 60 et je réussis à tous les vendre! Yeah!! Une bonne amie m’a alors parlé d’Etsy en me disant que je devrais vendre mes bandeaux sur cette plate-forme.
Au début, j’étais bien contente, car heyy!! J’ai une boutique en ligne et j’ai du trafic dessus! Mais voilà je n’avais pas assez d’inventaires, et la question de l’approvisionnement en tissu revenait constamment. Les retailles de mon amie artisane ne suffisaient plus; non pas, car j’avais full de commande, mais plus parce que je voulais de la diversité dans mes textiles, pas les 6 mêmes. J’ai alors commencé à m’intéresser aux déchets textiles produits par d’autres petites entreprises québécoises, mais aussi par de plus grandes. Et là, j’ai percuté un mur, un gros mur! Les quantités de déchets textiles sont effroyables! Dîtes-vous là que les déchets textiles ne concernent pas uniquement les retailles entourant la découpe d’une pièce constituant un vêtement. Non, non!! Dans les déchets textiles, il y a:
- les échantillons d’étoffe, (petits carrés de tissu attachés à un morceau de carton spécifiant les caractéristiques du tissu) appelés Robrack ou Rebrack
- les rouleaux d’échantillonnage; rouleaux de tissus comprenant 10 à 20 mètres de tissu
- les rouleaux de production: comprenant plusieurs centaines de mètres.
- les retailles.
Ces déchets se font, car le système de fabrication des vêtements est ainsi fait. Le problème principal est le fonctionnement inhérent à la confection; qui ne prend pas en compte la gestion des déchets engendrés.
En continuant à me documenter, j’ai alors vite réalisé l’ampleur de la pollution qu’est l’industrie du textile et de la mode en général. J’ai pris conscience de ce qu’implique le fast fashion et à quel point ce n’est pas viable pour l’environnement, en plus d’encourager une forme d’esclavage moderne. Sans forcément être dans l’abus, je faisais partie de celles qui se magasinait du linge sous prétexte de n’avoir rien à se mettre, alors que ma garde-robe en était pleine.
Je fais partie de ceux qui croient que chaque petit geste compte, je me suis alors dit que ma petite boutique en ligne devait avoir pour mission de sensibiliser les gens à l’importance de la réutilisation et à un mode de consommation plus lent. C’est ainsi qu’est né Aniela Mieko.