La fibre de Bambou: nouvel or vert pas si écologique qu'on pense

La fibre de bambou: nouvel or vert?

Depuis les dernières années, on voit beaucoup de vêtements et d’accessoires en bambou.

Cette nouvelle fibre est dite respectueuse de l’environnement, antibactérienne, incroyablement douce et entièrement biodégradable. C’est le nouvel or vert!

Au cas où vous ne le sauriez pas, le bambou est une plante de la famille des graminées, oui comme l’herbe de votre gazon, mais arborescente; parce que leur tige s’apparente à celle du bois.
Le bambou c’est merveilleux, car il pousse très rapidement; certaines variétés peuvent gagner jusqu’à 90 cm par jour! Il n’a besoin que de très peu d’eau (4 fois moins que le coton en comparaison) et d’aucun pesticide; puisqu’il sait se défendre seul contre les attaques de champignons ou d’insectes. En plus, les forêts de bambou absorbent plus de CO2 que les forêts de feuillus. Bref, vous en conviendrez c’est la plante idéale!

La transformation du bambou en textile, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’existe que depuis le début des années 2000 et provient essentiellement de Chine. Un peu normal, puisque le bambou, ça vient… de Chine!

La fibre de bambou s’apparente à celle du lin. C’est une fibre végétale qui doit être broyée puis transformée en pulpe à l’aide d’enzymes, puis être peignée avant de pouvoir être filée. C’est un processus qui est 100% écologiques, mais qui est long! Et qui dit long dit rare et donc dispendieux.

Si c’est si rare que ça pourquoi on en voit partout? Pourquoi est-ce sur tous les vêtements dit écoresponsables ?

Et bien parce que le bambou qui est répandu chez nous n’est pas le même. Cette fibre-là s’apparente plus à de la rayonne ou de la viscose. Et je vous assure que le procédé de fabrication de la viscose (ou de la rayonne parce que c’est pareil) est très loin d’être naturelle et écologique!

En fait, la viscose de bambou est une fibre artificielle; un genre de cyborg moitié synthétique et moitié naturelle! Pour la créer, on a besoin d’extraire la cellulose de la plante en la faisant tremper dans un mélange de sulfate de soude et d’acide citrique. Puis pour transformer la cellulose en pâte végétale, on utilise du disulfure de carbone. Le résultat donne des plaques de pâte; ça a l’apparence de gyproc pour vous donner une idée. Et de ces plaques seront extrait les fils qui seront tissés.

Avec un tel procédé, on est très loin d’un procédé 100% naturel et artisanal n’ayant pas d’impact environnemental.

Comme la très grande majorité de la production provient de Chine, les règlements environnementaux sont quasiment absents en ce qui à trait au traitement des déchets chimiques.
Ils sont donc très souvent déversés dans les cours d’eau; voir article du Devoir à ce sujet. À cela, il faut ajouter que tout le procédé nécessite énormément d’eau et que s’il n’est pas réalisé dans un environnement de travail adéquat, cela devient très nocif pour la santé des travailleurs.

Vous l’aurez compris, le tissu en bambou est très loin d’être vert! C’est du greenwashing.
Cela signifie que l’on nous fait croire que c’est écoresponsable, à coup de grandes campagnes publicitaires sur fond beige, blanc et vert, mais en omettant certains faits.

Toutefois, il existe certaines appellations comme les certificats FSC qui assurent la provenance de forêts gérées durablement et respectueuses des travailleurs et de l’environnement.

Dans le fond, le procédé de viscose n’est pas mauvais en soi, car il compense l’absence de matière végétale; si une récolte n’a pas bien fonctionné par exemple. En revanche, c’est l’absence de gestion des déchets engendrés par le processus de fabrication qui est problématique. Si l’on mettait les efforts vers une pleine gestion de tous les tenants et aboutissants de la transformation, alors nous aurions un produit ayant un impact environnemental moindre.

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